Français : Tronc Commun (Toutes filières)

Semestre 2 Devoir 1 Modèle 1

 

 

Professeur : Mr  MAHTANE Hicham

 

I- Texte

 

Les Vallin vivotaient à leur aise, grâce à la pension. La fureur inapaisable des Tuvache, restés misérables, venait de là.

Leur fils aîné partit au service. Le second mourut; Charlot resta seul à peiner avec le vieux père pour nourrir la mère et deux autres sœurs cadettes qu'il avait.

Il prenait vingt et un ans, quand, un matin, une brillante voiture s'arrêta devant les deux chaumières. Un jeune monsieur, avec une chaîne de montre en or, descendit, donnant la main à une vieille dame en cheveux blancs. La vieille dame lui dit :

- C'est là, mon enfant, à la seconde maison. Et il entra comme chez lui dans la masure des Vallin. La vieille mère lavait ses tabliers ; le père, infirme, sommeillait près de l'âtre. Tous deux levèrent la tête, et le jeune homme dit :

- Bonjour, papa ; bonjour maman. Ils se dressèrent, effarés. La paysanne laissa tomber d'émoi son savon dans son eau et balbutia :

- C'est-i té, m'n éfant ? C'est-i té, m'n éfant ? Il la prit dans ses bras et l'embrassa, en répétant : "Bonjour, maman". Tandis que le vieux, tout tremblant, disait, de son ton calme qu'il ne perdait jamais : "Te v'là-t'i revenu, Jean ?". Comme s'il l'avait vu un mois auparavant.

Et, quand ils se furent reconnus, les parents voulurent tout de suite sortir le fieu dans le pays pour le montrer. On le conduisit chez le maire, chez l'adjoint, chez le curé, chez l'instituteur.

Charlot, debout sur le seuil de sa chaumière, le regardait passer.

Le soir, au souper il dit aux vieux : - Faut-i qu'vous ayez été sots pour laisser prendre le p'tit aux Vallin ! Sa mère répondit obstinément :

- J'voulions point vendre not' éfant ! Le père ne disait rien. Le fils reprit :

- C'est-i pas malheureux d'être sacrifié comme ça ! Alors le père Tuvache articula d'un ton coléreux : - Vas-tu pas nous r'procher d' t'avoir gardé ?

Et le jeune homme, brutalement : - Oui, j'vous le r'proche, que vous n'êtes que des niants. Des parents comme vous, ça fait l'malheur des éfants. Qu'vous mériteriez que j'vous quitte. La bonne femme pleurait dans son assiette. Elle gémit tout en avalant des cuillerées de soupe dont elle répandait la moitié : - Tuez-vous donc pour élever d's éfants ! Alors le gars, rudement :

- J'aimerais mieux n'être point né que d'être c'que j'suis. Quand j'ai vu l'autre, tantôt, mon sang n'a fait qu'un tour. Je m'suis dit : "V'là c'que j'serais maintenant !". Il se leva. - Tenez, j'sens bien que je ferai mieux de n'pas rester ici, parce que j'vous le reprocherais du matin au soir, et que j'vous ferais une vie d'misère. Ça, voyez-vous, j'vous l'pardonnerai jamais ! Les deux vieux se taisaient, atterrés, larmoyants. Il reprit :

- Non, c't' idée-là, ce serait trop dur. J'aime mieux m'en aller chercher ma vie aut'part ! Il ouvrit la porte. Un bruit de voix entra. Les Vallin festoyaient avec l'enfant revenu.

Alors Charlot tapa du pied et, se tournant vers ses parents, cria : - Manants, va ! Et il disparut dans la nuit.

 

II- Compréhension (10 pts)

 

  1. Complétez le tableau suivant :
Titre de l’œuvre Auteur et date de naissance Genre littéraire Courant littéraire
       
  1. Situez le passage par rapport à ce qui se précède  dans l’œuvre.
  1. Répondez  par «Vrai» ou «Faux» :

a/ La visite de Jean était attendue : ______        
b/ Jean est venu voir ses parents après seulement peu de temps: ______        
c/ Charlot a reproché à sa famille: ______        
d/ Jean a nié ses parents adoptifs: ______    

  1. a- Quel sentiment s’empara-t-il de Charlot en voyant Jean ?
  1. b- Que reproche-t-il à ses parents ?
  1. Si vous étiez à la place de Charlot, feriez-vous la même chose avec vos parents ? Pourquoi ?
  1. Quelle ambiance régnait-elle le soir dans la demeure des Vallin ? Justifiez votre réponse à partir du texte.
  1. Relevez quatre termes qui renvoient au champ lexical de la tristesse.
  1. Mettez au discours indirect :

Le père Tuvache articula d’un ton coléreux en s’adressant à son fils : «Vas-tu pas nous reprocher de t’avoir gardé?»

  1. Relevez les figures de style employées dans les phrases soulignées.

a- ___________________________________________________

b- ___________________________________________________

  1. D’après votre lecture de l’œuvre, quelle morale peut-on dégager de ce récit ?

 

III- Production écrite (10 pts)

 

Les Tuvache ont refusé de donner leur enfant au couple d’Hubières, les Vallin au contraire ont accepté cette proposition.

Quelle est l’attitude qui vous semble la plus raisonnable ?

Rédigez un texte dans lequel vous développerez votre point de vue sur le sujet en avançant des arguments convaincants.