Français : Tronc Commun (Toutes filières)

Semestre 1 Devoir 1 Modèle 1

 

 

Professeur : Mr  MAHTANE Hicham

 

I- Texte

 

Le père Sorel possède une scierie, ses fils travaillent avec lui. Le maire de la ville vient de lui proposer d’engager son plus jeune fils, Julien, comme précepteur pour ses enfants. Le père Sorel part à sa recherche pour lui annoncer la nouvelle.

Il chercha vainement Julien à la place qu'il aurait dû occuper, à côté de la scie. Il l'aperçut à cinq ou six pieds plus haut, à cheval sur l'une des pièces de la toiture. Au lieu de surveiller attentivement l'action de tout le mécanisme, Julien lisait. Rien n'était plus antipathique au vieux Sorel ; il eût peut-être pardonné à Julien sa taille mince, peu propre aux travaux de force, et si différente de celle de ses aînés ; mais cette manie de lecture lui était odieuse : il ne savait pas lire lui-même.

Ce fut en vain qu'il appela Julien deux ou trois fois. L'attention que le jeune homme donnait à son livre, bien plus que le bruit de la scie, l'empêcha d'entendre la terrible voix de son père. Enfin, malgré son âge, celui-ci sauta lestement sur l'arbre soumis à l'action de la scie, et de là sur la poutre transversale qui soutenait le toit. Un coup violent fit voler dans le ruisseau le livre que tenait Julien ; un second coup aussi violent, donné sur la tête, en forme de calotte, lui fit perdre l'équilibre. Il allait tomber à douze ou quinze pieds plus bas, au milieu des leviers de la machine en action, qui l'eussent brisé, mais son père le retint de la main gauche comme il tombait.

« Eh bien, paresseux ! Tu liras donc toujours tes maudits livres, pendant que tu es de garde à la scie ? Lis-les le soir, quand tu vas perdre ton temps chez le curé, à la bonne heure.1 » Julien, quoique étourdi par la force du coup, et tout sanglant, se rapprocha de son poste officiel, à côté de la scie. Il avait les larmes aux yeux, moins à cause de la douleur physique, que pour la perte de son livre qu'il adorait.

« Descends, animal, que je te parle. » Le bruit de la machine empêcha encore Julien d'entendre cet ordre. Son père qui était descendu, ne voulant pas se donner la peine de remonter sur le mécanisme, alla chercher une longue perche pour abattre des noix, et l'en frappa sur l'épaule. A peine Julien fut-il à terre, que le vieux Sorel, le chassant rudement devant lui, le poussa vers la maison. Dieu sait ce qu'il va me faire ! se disait le jeune homme. En passant, il regarda tristement le ruisseau où était tombé son livre ; c'était celui de tous qu'il affectionnait le plus, le Mémorial de Sainte-Hélène.

Stendhal, Le Rouge et le Noir (1830), livre premier, chap. 4

 

II- Compréhension (10 pts)

 

  1. À quel genre littéraire ce texte se rattache-t-il ? Justifiez votre réponse à l’aide de deux critères.
  2. Le point de vue narratif qui domine dans ce texte est il interne, omniscient ou externe ?
  3. Où se déroule cette scène ? Où Julien devrait-il se trouver ? Où est-il en réalité ? Que fait-il ?
  4. « Rien n'était plus antipathique au vieux Sorel… il ne savait pas lire lui-même. » Quel est le sens des adjectifs « antipathique », « odieuse » ? À quelle activité sont-ils appliqués ? En quoi est-ce surprenant ?
  5. Quelles sont les formes de violence que le père Sorel fait subir à son fils ?
  6. Citez quatre termes qui le montrent.
  7. En vous appuyant sur l’ensemble du texte, montrez dans un bref paragraphe que le père et le fils sont en totale opposition sur tous les plans.
  8. Justifiez l’emploi des temps du récit dans le paragraphe souligné.
  9. Quelle phrase exprime les pensées de Julien dans le texte ? Quel sentiment exprime-t-elle ?
  10. Qu’est ce qui montre l’amour de Julien pour les livres ? Justifiez votre réponse.

 

III- Production écrite (10 pts)

 

Il vous est sans doute arrivé un jour de provoquer la colère de vos parents.

Racontez dans quelles circonstances, analysez les sentiments que vous avez éprouvés et dites comment l’épisode s’est achevé.

Critères de rédaction :

  • Respect de la consigne,
  • Respect de la structure narrative,
  • Cohérence textuelle (enchaînement des idées, emploi des connecteurs temporels…)
  • Correction de la langue (respect de la construction des phrases, concordance des temps, précision du vocabulaire, respect de l’orthographe).